mardi 18 novembre 2008

Glassjaw aka GJ


Glassjaw, ca veut dire machoire de verre en anglais. Mais Glassjaw, c’est aussi le nom d’un groupe qui produit une musique très bruyante totalement hors du commun. Glassjaw est un OVNI sur le point de devenir mythique. Si vous n’en avez pas déjà entendu parler, il est temps d’y remédier, car un jour ou l’autre Glassjaw viendra à vous, et vous regretterez de ne pas les avoir connus plus tôt.

Glassjaw, donc, en 5 points :

- Un leader charismatique, tête pensante et idole de toute une génération de fans : Daryl Palumbo. Ce mec est tout simplement incroyable. Le personnage qu’il est, où qu’il s’est inventé au fil des années dégage une aura indescriptible, développe un mystère qu’on aimerait percer, dans ou au dehors de la musique. Un exemple parmi tant d’autres : une obsession pour Godzilla qui le pousse à carrément placer le monstre devant « God » et « My parents » dans les remerciements du premier album. Beau gosse, grande gueule et pourtant parfois transparent, très vague quand il parle de lui et de ses motivations, intelligent, et même fashion. C’est que l’homme sait se vendre sans en avoir l’air. Sur le premier des deux albums en date,
Everything you ever wanted to know about silence, sorti en 2000, il est explicitement et démesurément prétentieux. Allant jusqu'à se comparer à Dieu. C’est même le fil conducteur de l’album. Il semble vouloir écraser autrui, le saigner et le réduire au néant (même si c’est lui qui se retrouve à bout au final, sur la piste cachée de l’album…). Si tout n’est pas à prendre au premier degré, les paroles sont parfois choquantes, dérangeantes, et malgré tout intéressantes, intrigantes. Beaucoup plus de maturité sur le deuxième album, des paroles encore plus intelligentes, qu’on se ressasse des dizaines de fois pour en capter les mille sens, et toujours une présence unique.

- Une voix. Il s’est comparé à Michael Jackson. "Du MJ de blanc." Ou en tout cas c’est la mission qu’il se donne. Il a un certain feeling, oui. Un flow, une voix qui peut être fluette, parfois du genre de MJ. Allez donc voir la vidéo de Please Please Please (Young Hollywood), du groupe Head Automatica, dont Daryl Palumbo est aussi le chanteur. On peut comprendre. Mais cette voix est avant tout une voix mutante. Chuchotements, cris, toux, tantôt rythmée et groovy, tantôt à contre temps et dissonante. Une voix très profonde, qui articule les mots de façon exagérée, en révèle la musicalité. Le phrasé et l’intonation sont uniques, et tout de suite reconnaissables. Une voix qui donne l’impression que l’être souffre, vomit ses paroles, les crache, et ce de façon très classe, sophistiquée et réfléchie. Daryl Palumbo souffre de la maladie de Crohn, maladie inflammatoire des intestins, chronique et incurable. Elle évolue par poussées. En écoutant Glassjaw, on croirait presque l’entendre.

- Des paroles. On pourrait ajouter à ce qui a déjà été dit que le flux est ahurissant. Un parolier très productif lorsqu’il le veut, mais qui vise toujours dans le mille lorsqu’il s’agit de créer des phrases/slogans. Le « this is a war » du titre
Tip your bartender, sur le deuxième album, l’hymne Ape dos mil, du même album. S’il vous plait, allez voir de vous-même, c’est passionnant. On ne compte plus le nombre de mots inventés, déformés, étranges. Tellement, que ce contenu en paroles est infini chez Glassjaw. Libre à notre interprétation, à notre imagination.

- Un son. Glassjaw, c’est un quatuor de Post-Hardcore de Long Island, à New York. Daryl Palumbo et le guitariste Justin Beck sont les membres fondateurs et emblématiques. Cependant, "Post-hardcore" est peut être assez réducteur tellement leur son est différent. Guitares acérées qui s’effacent pour réapparaitre magistralement. Des rythmiques difficiles à suivre et désarmantes. Des mélodies indomptables, qu’il faut apprendre à écouter. Le son de Glassjaw est un amas de bruits et de paroles, parfois laid en apparence, mais pour beaucoup d’une beauté remarquable. C’est le pari du groupe. C’est une histoire d’esthétique. S’attaquer à Glassjaw, c’est une chasse au trésor. Ce n’est pas évident, mais trésor il y a. Et notre bande de pirates le savent. Allez, à l’abordage !

- Une fan base. Toujours plus fidèles et dévoués, les fans, alors que le groupe se fait toujours plus discret. On peut même dire que le nombre de fans ne cesse d’être grandissant (voir le forum de www.glassaw.net). La relation avec les fans est très ambiguë. C’est vrai que cette musique est tellement désarmante et barrée qu’écouter Glassjaw, c’est admettre qu’on est un peu barré aussi, ou au moins prise de tête… Ils nous offrent un peu de leur folie, ce qui est énorme. On parle ici de ce qu’il y a de plus profond chez un être humain. Le bizarre au fond de chacun de nous. Glassjaw nous le donne. C’est un constat très spécial entre artiste et auditeur. Aimer Glassjaw, c’est comprendre cette musique, comprendre qu’il s’y passe quelque chose. On ne peut pas leur demander un nouvel album comme ça, comme on attend le prochain modèle de chez Mac.

Alors oui, on n’a rien eu depuis
Worship and Tribute, le deuxième album qui date de 2002, mais une suite ne saurait tarder (déjà plusieurs titres, comme le très accrocheur You Think You're John Fuckin Lennon, meilleur titre de chanson de tous les temps... ou presque).

Et la question n’est pas de savoir quand. Non, c’en est une autre, beaucoup plus savoureuse : Quoi ?

Une vidéo non officielle de
Ape Dos mil :



La vidéo officielle de
Cosmopolitan Bloodloss, single du deuxième album :



T.

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